Le Da Vinci Code du Pont-Saint-Esprit
Aujourd’hui, 60 ans après l’affaire du Pont-Saint-Esprit, les journalistes s’intéressent toujours, et de près, à l’un des plus grands points d’interrogation de l’histoire de la science : pourquoi la CIA aurait-elle tenté d’empoisonner un village entier au LSD ? Cette question se pose au conditionnel car aucune preuve n’est suffisante pour prouver l’implication de la CIA dans cette affaire.
Le journaliste américain Hank Albarelli relance la polémique dans un ouvrage paru en 2009 aux Etats-Unis et intitulé A Terrible Mistake : The murder of Frank Olson and the CIA’s secret cold war experimentation . Hank Albarelli y affirme que la CIA aurait pratiqué des tests sur le LSD, grandeur nature et sur la ville de Pont-Saint-Esprit. Pour lui, la CIA aurait pulvérisé du LSD sur la ville, cette pulvérisation aurait contaminé le blé des champs s’étendant autour de la ville. Pour confirmer ses dires Albarelli publie une commission de la CIA de juin 1975, sur son site officiel qui ferait mention de Pont-Saint-Esprit. De plus, la mort tragique et suspecte d’un biochimiste de la CIA, Frank Olson, vient s’ajouter à ses suspicions : Olson se serait jeté du dix-septième étage d’un hôtel New-Yorkais. Etrangement, lors de son suicide, en 1953, c'est-à-dire deux ans après l’affaire du Pont-Saint-Esprit, il menait des expériences en faveur des deux projets classés « top-secrets » de la CIA : les projets BLUEBIRD (1951-1953) et MKNAOMI (1950-1960). Ces projets concernaient respectivement la manipulation mentale grâce à des psychotropes et la dissémination de produits mortels ou incapacitants. Pour Albarelli, c’est le projet MKNAOMI qui est à l’origine de l’affaire Pont-Saint-Esprit.
La CIA a par la suite avoué avoir mené des expériences sur des sujets, à leur insu et Frank Olson en aurait fait parti. Son suicide serait dû à la consommation de LSD et à ce qu’on pourrait appeler un « bad trip ». Mais pour Hank Albarelli, c’est un meurtre commandité par la CIA auquel on aurait affaire.
Ainsi cette affaire, aussi sordide qu’elle soit, fait parti des plus grandes impostures de la science et, même soixante ans après elle, elle passionne toujours autant les scientifiques par son côté médical et les journalistes par son côté exubérant.